8% du commerce maritime mondial traverse la mer Baltique, principalement en gaz et pétrole russe exporté vers l’Europe. Les autres activités maritimes sont ensuite concentrées au sud sur les anciens territoires soviétiques.
Les enjeux commerciaux et les contraintes territoriales, hérités de la chute de l’Urss, entrainent des tensions autour de la mer Baltique.
En 1997, à la veille d’un élargissement annoncé de l’Otan – en 1999, Pologne, Hongrie, République Tchèque, en 2004, les Pays Baltes, Bulgarie, Slovénie, Roumanie, Slovaquie – un accord est signé entre les membres de l’Otan et la Russie visant à freiner l’armement, en particulier dans ces régions.
Les exercices de l’Otan et des États-Unis, programmés à l’été 2020, font dire à la Russie que l’Otan piétine le traité de 1997, les pays accueillant ces manœuvres répondront que la Russie enfreint ce traité depuis des années par ses investissements armés et actes militaires en Crimée et en Ossétie du Sud.
L’élargissement des pays membres de l’Europe et de l’Otan se confronte à la résurgence du mythe de la grande Russie et la nostalgie du territoire de l’Urss depuis l’ère Poutine. Ajoutés aux actes de guerre menés par la Russie aux portes de l’Europe, en résulte une escalade de préparatifs et d’intimidations militaires.

RAPPELS DE SITUATIONS

La Norvège, située dans l’espace Schengen, a refusé par deux fois l’adhésion à l’Union Européenne et est le seul pays du nord membre de l’Otan. Face au regain d’activités militaires russes au nord, bien qu’elle entretienne de bonnes relations avec la Russie sur un plan maritime et commercial, la Norvège réclame un Schengen militaire et se porte volontaire pour l’accueil d’exercices en plus des exercices Trident Juncture en 2018 avec 51 000 participants.

La Finlande (région de l’empire russe jusqu’en 1917) signa un traité d’amitié avec L’Urss en 1948.
A ce jour, les deux pays entretiennent des relations commerciales et diplomatiques correctes, quelques différends existent cependant sur les violations d’espaces aériens et la pollution de la Baltique par la Russie.

La côte Russe du golf de Finlande irrigue l’Europe en énergie avec les points de départ des gazoducs NorthStream I et II, ainsi que le port de Primorsk qui, suite à de multiples investissements récents, est devenu le plus important port pétrolier de la Baltique. La volonté de ne pas dépendre des ressources russes font naître des projets tels que l’oléoduc BalticPipe reliant la Pologne au réseau Danois. Ce projet est reporté depuis sa signature en 2001.

DEFENDER EUROPE 2020, OTAN/USA

Planifié depuis Barack Obama, cet exercice de grande envergure* placé sous l’égide des Etats- Unis afin de démontrer la capacité de son armée à se déployer rapidement en appui de l’Otan, est vu comme une réponse à l’opération russe Zapad 2017.
Annonce avait été faite d’une présence de 37 000 soldats venant de 18 pays, dont 20 000 Etats-Uniens auxquels s’ajoutent plusieurs milliers de leurs containgents basés en Europe. Les évènements sanitaires de cette année 2020 et les annonces de Donald Trump concernant le désengagement de l’Otan réduiront l’engagement des Etats-Unis et décaleront ces exercices.Dans ce cadre, les Etats-Unis viendront également en appui aux opérations «Atlantic Resolve».
*Le plus grand exercice de ce type fut réalisé en 1985 avec 127 000 Soldats.

BALTOPS, BALTIQUE OPERATION

L’édition 2020 sera la 49ème édition de l’exercice de l’Otan. Les opérations se déroulent principalement en mer et dans les airs en zone internationale et habituellement dans l’espace désigné sur cette carte. Depuis le début des années 80, ces exercices ont eu différents niveaux d’engagement. Néanmoins, depuis l’annexion de la Crimée, l’Otan les reconnait comme primordiaux. Depuis 2014, s’y ajoute un renforcement militaire permanent nommé «Opération Atlantic Resolve» qui vient également appuyer chaque exercice dans la région. Vécu comme une intimidation par la Russie depuis le début, Baltops est un événement où chacun montre ses capacités de défense.

LES CABLES SOUS-MARINS

Vulnérables par leur situation, simplement déposés au fond des mers, les câbles sous-marins sont devenus un enjeu international. La Russie ayant conçu un navire dédié à l’observation de ces infrastructures et dans un climat d’attaque numérique inter-étatique, les rumeurs vont bon train sur les possibilités d’espionnage en pleine mer ou les réels risques de sabotage.

L’HERITAGE DE 39-45

La mer Baltique accueille en son fond quelques 400 navires militaires de la Seconde Guerre mondiale. Remplis de carburant et fragilisés par le temps, ces épaves représentent un danger écologique pour la région.S’ajoutent aux hydrocarbures, l’enfouissement d’armes chimiques au large de la Lituanie et de la Suède.

LES ANCIENS PORTS SOVIETIQUES MAJEURS

Conséquence de la chute de l’Urss, la Russie subit une perte de capacité portuaire. En y ajoutant la désorganisation qui s’en suivit, certains pays comme la Finlande profitèrent immédiatement de l’opportunité pour s’établir comme point d’import/export avec la Russie. La Finlande tripla son traffic en cinq ans. En dehors des rivalités politiques, suivront ensuite les nouveaux acteurs privés russes qui investiront également dans les ports baltes. L’Estonie verra par exemple son traffic russe multiplié par 4.

ZAPAD, RUSSIE 2017

Conjoint avec le Bélarus, l’exercice Zapad est le pendant ouest des exercices Tsentr (se tenant vers la frontière Kazakh où sont simulées rébellions et invasions depuis plusieurs années). Il est réparti de Saint-Pétersbourg à l’Ukraine le long de la frontière Européenne ainsi que sur d’autres régions comme l’enclave de Kaliningrad et le nord de la frontière Finlandaise. Le programme officiel de l’exercice étant le contre-terrorisme, il aurait été en réalité la simulation d’invasions depuis la baltique, et selon certains observateurs, la démonstration du matériel de fabrication russe.
Il fut annoncé une présence de 12 700* militaires, environs 70 avions et hélicoptères, 250 tanks et 200 bases d’artilleries, ainsi que 10 navires de guerre et des drones militaires.
Selon certains observateurs frontaliers, le nombre de forces engagées aurait été cinq à six fois plus importante.
L’ambiguïté de ces exercices fera réagir l’Otan et les Etats-Unis qui annonceront les exercices «Defender Europe 20»
*Au dela de 13000 Hommes, l’OSCE impose la venue d’observateurs internationaux.

EVENEMENTS AERIENS

Depuis les opérations Baltops, les intimidations depuis les airs sont devenues monnaie courante de la part de l’armée russe. Vols répétés au ras des navires, manoeuvres aériennes visant à montrer l’armement des Sukhois, vols sans transpondeur affichant l’identité de l’appareil. Les patrouilles d’appareils extérieures sont priées de ne pas s’approcher des frontières alliées russe.

EVENEMENTS SOUS-MARINS

Depuis 2014, les violations territoriales supposées ou avérées ainsi que les rotations autour des câbles sous-marins par la marine russe ou par des sous-marins n’ayant aucune identité, donnent lieu à des tensions et inquiétudes poussant certains pays à accueillir de plus grands contingents de l’Otan.

PREMIER EXERCICE SINO-RUSSE

«Joint-Sea 2017*» premier exercice de la marine chinoise en mer Baltique au large de Kaliningrad, trois navires chinois sous le commandement d’une corvette russe. Tirs à balles réelles sur cible suivi d’entrainement aux secours, ravitaillements et inspection en mer. Ces opérations communes se sont poursuivis en mer Okhotsk et mer du Japon.

SULWAKI GAP

Depuis l’annexion de la Crimée, certaines inquiétudes apparaissent et l’Otan reconnait ce corridor de 91 km séparant l’enclave de Kaliningrad et le Belarus comme un point de vulnérabilité du territoire européen.

SOURCES :

Marine Traffic, Herodote, Aerion24, SubmarineCableMap, Cnbc, Nato.int, Kremlin.ru, Isemar, Le Monde, EuroStats, Structurae, Offshore Technology, Military Times, Opex360, Safety4Sea, Persée, InfoRussie, Territoire en Mouvement, GeoConfluense, European Transport Map, Vie Publique, Portnews.ru, Le Caucase.

Crédits : Clément Fontaine / Complement.Studio / Juillet 2020

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